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Ce que vous devez savoir sur la Socialisation Chez le Chien

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La socialisation, terme omniprésent dans le domaine de l’éducation canine, revêt plusieurs facettes pour le développement harmonieux de nos compagnons à quatre pattes.

Dans cet article, nous allons explorer différentes étapes de la socialisation chez les chiots, de la socialisation primaire à la familiarisation, en passant par les distinctions entre les animaux nidicoles et nidifuges, les phases d’attraction et d’aversion, l’imprégnation, et l’homéostasie.

La Socialisation Primaire : Les Racines de l'Interaction Sociale

Qu’est-ce que la socialisation primaire ?

La socialisation primaire, comme son nom l’indique, est la première étape cruciale dans le développement social d’un chiot. Elle se déroule généralement entre l’âge de 3 semaines et 3 mois. Cette fenêtre temporelle (timing), soumise à l’influence de divers facteurs environnementaux, conditionne la capacité ultérieure du chiot à s’intégrer correctement dans son environnement social. Durant cette période, le chiot apprend à interagir avec d’autres individus de son espèce et à comprendre les normes et les valeurs qui régissent la gente canine.

Les travaux d’Émile DURKHEIM ont permis une meilleure compréhension de l’importance de cette phase précoce de socialisation. De plus, les concepts de période sensible et de période critique, introduits respectivement par LORENZ et BATESON, soulignent l’importance du timing dans le processus de socialisation.

La Socialisation Secondaire : Poursuivre l'Ouverture au Monde

Qu’est-ce que la socialisation secondaire ?

La socialisation secondaire, qui survient généralement dans la période juvénile et adolescente, a essentiellement pour objectifs :

– rééduquer certains comportements indésirables ou gênants acquis pendant la socialisation primaire,

– orienter graduellement les enrichissements sensoriels (chiots en privation sensorielle),

– travailler les facultés d’adaptations environnementales (habituations progressives),

– conditionner l’animal au milieu ambiant (alterner les lieux neutres, stimulants, et stressants),

– compléter et transformer les acquis (ou non-acquis) de la socialisation primaire.

Elle se déroule principalement avec les maîtres du chien et elle se matérialise souvent par des séances de rééducation et de thérapie comportementale, visant à corriger les éventuels déficits de la socialisation primaire.

Socialisation Primaire Intraspécifique : L'Importance des Interactions Intra-espèces

La socialisation intraspécifique, qui se déroule au sein de la fratrie et de la famille, joue un rôle déterminant dans le développement social du chiot.

Durant cette période sensible, le chiot apprend les codes de communication propres à son espèce, favorisant ainsi son intégration au sein de la communauté canine.

Socialisation Primaire Interspécifique – Familiarisation : Vivre avec d'Autres Espèces

Dans le développement comportemental du chien, la familiarisation avec l’espèce humaine joue un rôle essentiel, influençant sa réceptivité au contact et la qualité de ses interactions avec ses propriétaires.

Ce processus permet aux animaux de reconnaître les espèces « amies », contribuant ainsi à réduire les comportements de peur et d’agression entre elles.

Conformément à la théorie de l’imprégnation de Konrad Lorenz, les chiots peuvent facilement être habitués à l’homme et à d’autres espèces sociales, comme les chats, dès leur plus jeune âge. Cette période de familiarisation, généralement entre trois semaines et trois mois, est cruciale pour leur développement social.

Les chiots sont particulièrement réceptifs à la nouveauté jusqu’à environ la septième semaine, après quoi la peur de l’inconnu peut commencer à s’installer. Une exposition précoce et positive à différentes espèces est donc essentielle pour une adaptation harmonieuse à leur environnement.

Le rôle de la mère est également crucial. Si elle présente une attitude de peur ou d’agressivité envers les humains, ses petits risquent de développer une association néfaste avec ces derniers. Une familiarisation correcte de la mère à l’homme est donc primordiale pour un développement sain de ses petits.

Pour une familiarisation réussie à l’homme, il est recommandé d’exposer les chiots à des individus de différents âges, sexes et caractéristiques morphologiques. Cette diversité favorise une adaptation souple aux interactions sociales futures.

En outre, le développement comportemental et neurologique du chiot est également décisif pour sa capacité à reconnaître et interagir avec son environnement. Ses organes sensoriels, sa motricité et son système nerveux central doivent être suffisamment développés pour lui permettre d’explorer et de s’adapter à son monde en pleine croissance.

Comprendre la Différence entre les Animaux Nidicoles et Nidifuges

Animaux Nidicoles (« Collent au Nid »)

Les animaux nidicoles naissent avec un système nerveux immature et dépendent entièrement de leurs parents pour leur alimentation, leur déplacement et la régulation de leur température. Incapables de voir, d’entendre ou de sentir à la naissance, ils nécessitent un nid complexe pour assurer leur survie. Les jeunes restent dans le nid jusqu’à ce qu’ils se développent suffisamment pour se déplacer.

La socialisation de ces animaux est retardée, se produisant quelques semaines à quelques mois après la naissance.

Quelques exemples d’animaux nidicoles :

Chiots / louveteaux : Ils naissent aveugles, sourds et dépendent entièrement de leur mère pour leur alimentation et leur protection. Ils restent dans le nid (la tanière) pendant les premières semaines de leur vie.

Bébé Humain : Les bébés humains naissent avec un système nerveux immature et nécessitent des soins constants de la part de leurs parents.

Oisillons de Passereaux : Les oisillons de certaines espèces de passereaux naissent nus et aveugles et sont incapables de se déplacer ou de se nourrir seuls. Ils restent dans le nid, où leurs parents les nourrissent et les protègent, jusqu’à ce qu’ils soient suffisamment développés pour voler.

Animaux Nidifuges (« Fuguent du Nid »)

Les animaux nidifuges naissent avec un système nerveux déjà développé et sont capables de se déplacer presque immédiatement après la naissance. Ils ont également la capacité de voir, d’entendre et de sentir dès la naissance. Contrairement aux animaux nidicoles, ils n’ont pas besoin d’un nid complexe pour assurer leur survie.

La socialisation de ces animaux peut avoir lieu immédiatement après la naissance, voire dans les heures ou les jours qui suivent.

Quelques exemples d’animaux nidicoles :

Poussin de Canard : Les poussins de canard naissent avec un plumage duveteux et sont capables de se déplacer et de se nourrir presque immédiatement après l’éclosion. Ils suivent leur mère dès les premiers instants de leur vie.

Oisillon d’Oie : Les oisillons d’oie naissent avec un plumage et sont capables de se déplacer peu après l’éclosion. Ils suivent leur mère et apprennent rapidement à se nourrir et à se protéger.

Poulain / Veau : Les veaux naissent avec la capacité de se lever et de marcher peu après la naissance. Ils suivent leur mère et commencent à brouter de l’herbe dès les premiers jours de leur vie.

Adaptation à la Prédation

Les animaux nidifuges, avec un système nerveux plus développé dès la naissance, sont souvent mieux adaptés à la fuite en cas de prédation. Leur capacité à voir, entendre et percevoir les odeurs leur permet de détecter les prédateurs plus rapidement et de réagir en conséquence. En revanche, les animaux nidicoles, avec un développement plus lent de leur système nerveux, peuvent être plus vulnérables aux prédateurs lorsqu’ils sont jeunes, car ils dépendent davantage de la protection de leurs parents et de la dissimulation dans le nid.

Rôle dans la Chaîne Alimentaire

Les animaux nidifuges, souvent des proies potentielles, ont évolué pour être capables de se déplacer rapidement dès la naissance afin d’échapper aux prédateurs. Les girafes, les chevaux et les cerfs par exemples sont représentatifs de cette adaptation. Ils sont généralement plus mobiles et ont des mécanismes de défense instinctifs pour éviter les prédateurs. En revanche, les prédateurs comme les chiens et les loups, bien que nidicoles, développent progressivement leurs compétences de chasse et de prédateur au fil de leur croissance.

La Phase d'Attraction

À quelle période a lieu la phase d’attraction chez le chien ? Et à quoi correspond t’elle ?

La phase d’attraction, qui s’étend de la fin de la 3ème semaine jusqu’à environ 5 semaines de vie, est une période critique où le chiot est naturellement attiré par tout ce qui est nouveau dans son environnement.

C’est durant cette phase que le chiot développe des attachements envers sa mère et sa fratrie, mais aussi envers d’autres individus de son espèce et d’autres espèces.

Pendant cette période, le chiot apprend à mémoriser les caractéristiques des individus auxquels il s’attache, en se concentrant particulièrement sur les caractéristiques olfactives qui sont essentielles pour lui.

La Phase d'Aversion

Vers l’âge de douze à quatorze semaines, l’aversion envers ce qui est inconnu commence à se manifester. Le chiot commence à craindre et à éviter ce qui lui est étranger. Cette phase est cruciale car elle définit les limites temporelles de l’apprentissage des relations sociales. Contrairement à la phase d’attraction, la phase d’aversion correspond au détachement progressif du chiot et à ses prises d’initiatives.

Le Moment Opportun pour la Socialisation

Quelle est la période idéale pour socialiser un chiot ?

La période entre la troisième et la septième semaine représente le moment le plus favorable pour la socialisation, où le chiot est le plus réceptif aux nouvelles expériences et interactions. Cette période constitue une fenêtre d’opportunité essentielle pour établir des bases solides en matière de comportement social.

Les Conséquences de la Socialisation Primaire Défavorable

Des études telles que celles menées par GIFFROY ont mis en évidence les effets néfastes d’une socialisation ratée ou traumatique à différents stades du développement du chiot.

Des expériences traumatisantes pendant cette période peuvent conduire à une désocialisation ou à des phobies. Il est donc essentiel de présenter au chiot divers stimuli de manière progressive et positive pour favoriser son apprentissage et son adaptation à son environnement.

DÉFINIR L’EMPREINTE

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Le concept d’empreinte, ou imprégnation, occupe une place centrale dans l’étude du développement comportemental des jeunes animaux. Ce processus, découvert et étudié par des éthologues renommés tels que Douglas Spalding, Oskar August Heinroth et Konrad Lorenz, décrit la période sensible au cours de laquelle les nouveaux-nés acquièrent une reconnaissance innée de leur espèce, à travers leurs interactions.

L’empreinte se distingue par sa rapidité d’acquisition et son caractère durable, voire irréversible. Un exemple célèbre est celui de Konrad Lorenz et ses oies cendrées, où les oisons considéraient Lorenz comme leur mère dès leur éclosion, démontrant ainsi la puissance de ce processus.

Les recherches ultérieures, menées par des scientifiques tels que Raymond Campan, ont élargi la compréhension de l’empreinte à d’autres espèces animales, montrant qu’il s’agit d’un phénomène commun à de nombreux mammifères.

Chez les chiots, par exemple, l’empreinte se manifeste par l’apprentissage de leur propre espèce, ainsi que par le développement de compétences sociales et comportementales essentielles à leur survie. Pendant cette période, ils apprennent à quelle espèce ils appartiennent et acquièrent les codes de communication essentiels, tels que le langage canin, les comportements de soumission et de dominance, la régulation des interactions sociales, l’inhibition de la morsure, les interactions avec l’environnement et la fratrie.

ÉTABLISSEMENT DU SEUIL D’HOMÉOSTASIE SENSORIELLE

Une autre phase importante du développement des chiots dans le processus de socialisation est l’établissement du seuil d’homéostasie sensorielle, qui correspond à la capacité de l’animal à maintenir un équilibre émotionnel face aux variations de son environnement. Cette période sensible, entre 3 et 12 semaines, joue un rôle considérable pour le développement cérébral et comportemental du chiot.

Pendant cette période, les chiots apprennent à s’adapter à différents stimuli sensoriels, ce qui conditionne leur capacité à gérer les situations nouvelles tout au long de leur vie.

Cette période correspond à celle du développement cérébral et de la maturation synaptique, où les expériences sensorielles jouent un rôle essentiel dans la construction du comportement. En effet, le développement cérébral des chiots dépend largement de la stimulation de leurs sens, ce qui influence la manière dont ils perçoivent et réagissent à leur environnement.

Durant cette phase (établissement du seuil d’homeostasie sensorielle), les chiots apprennent à s’adapter à un niveau moyen de stimulations pour chaque canal sensoriel, établissant ainsi un seuil de référence. Ils deviennent ainsi « conditionnés au milieu ambiant ».

Les stimuli rencontrés fréquemment pendant cette période deviennent habituels et bien tolérés, tandis que les nouveaux stimuli peuvent susciter des réactions de peur, indépendamment de leur intensité.

Pour que les chiots établissent leur seuil de référence, une exploration interactive de leur environnement est essentielle. Des réactions de crainte peuvent apparaître dès la cinquième semaine de vie, et la présentation répétée de stimuli d’intensité modérée est nécessaire pour favoriser l’habituation et la disparition des réactions de peur.

L'importance des Conditions Environnementales

Un milieu hypostimulant peut rendre l’apprentissage de la nouveauté difficile voire impossible, conduisant à des réactions de peur et à un manque de confiance dans des situations nouvelles. Il est question alors de parler « d’enrichissement du milieu », de façon graduelle et en fonction du caractère du chiot, ceci afin de faciliter leur faculté d’adaptation et l’établissement de leur seuil sensoriel. 

De plus, les expériences sensorielles précoces influencent la capacité des chiots à gérer les stimulations tout au long de leur vie.

Exemple souvent rencontré lors de mes consultations comportementales :

Les maîtres ont accueilli un chiot équilibré et socialisé, puis ils reçoivent comme conseil de ne pas sortir le chien en promenade entre son 2ème et 3ème mois sous prétexte qu’il n’a pas tous ses vaccins. Le chien n’étant plus « confronté » à la vraie vie et au monde qui l’entoure durant cette période, il pourra subir une « désocialisation » avec augmentations des phénomènes de sociopathies (craintes exacerbées, agressivités, difficultés d’adaptations, gestion émotionnelle chaotique, syndrome de privation, etc).

Le chiot fabrique ses propres anticorps durant la période de transition immunologique de 6 à 16 semaines, et ne devrait pas pour autant être privé de sorties, d’autant plus que sous la vigilance du maître qui le tient en laisse (le maître empêchera le chien de fouiller les excréments, les flaques d’eau stagnantes, etc), il sera moins à risques que livré à lui-même 2h00 durant dans le jardin où le chiot peut s’exposer à de multiples parasites.

Il est donc essentiel pour les éleveurs et les propriétaires de veiller à ce que les chiots soient exposés à un environnement enrichissant et varié dès leur plus jeune âge.

Cela favorise non seulement leur développement sensoriel, mais aussi leur bien-être émotionnel à long terme avec leur maître.

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